Épisode 2 - La rixe
1986 – Tokyo
L’inconnu fila vers Shun en passant devant Avilda. La laethionie sentit un vent lui glacer le sang. Son corps ne put s’empêcher de grelotter. Elle frotta ses bras pour se réchauffer.
Non seulement il neige mais en plus, il y a du vent. Brrr.
Des bruits de lutte l’incitèrent à se tourner en direction de la scène. Choquée, elle vit le chevalier d'Andromède à terre, un homme en armure noire debout près de lui.
D’où vient ce type ? ! Je ne l’ai pas vu le rejoindre.
Après un moment d’hésitation, elle avança en protestant contre l'attaquant.
— Eh ! Ça va pas ? ! Qu’est-ce qui vous prend ? Il ne faisait rien de mal !
L’agresseur se retourna et la contempla. Sa prestance et son regard malicieux la stoppèrent.
Bon sang ! J’ai fait une gaffe.
— C’est ton p’tit ami ?
La blonde fut surprise par la question, puis elle fronça les sourcils.
— Pas du tout ! Je ne le connais pas.
Il leva les bras, les yeux presque fermés, avec un sourire troublant.
— Alors de quoi te mêles-tu ?
Elle garda le visage rude tandis qu’il l'observait. Il s’approcha d'un pas décidé, la photographe ne bougea pas d'un pouce. Shun se redressa doucement, un peu sonné.
Ne fléchis pas, Avilda. Surtout pas.
— Tout à l’heure, je suis passé à côté de toi. Tu ne m’as même pas vu.
Euh… Oui, et alors ?
Posant son poignet sur sa hanche pour feinter l’aisance, elle répliqua naturellement :
— Ça ne me dérange pas d’ignorer les brutes comme vous.
Vexé, il se mit à quelques centimètres à peine de son interlocutrice. Elle leva le menton pour le fixer droit dans les yeux et ainsi garder la face.
Quel effronté ! Il est entré dans ma bulle. Il cherche à me déstabiliser.
Un léger rictus se dessina sur le visage du chevalier, amusé par son audace.
La miss a du cran. Je m’attendais à la voir reculer. Jusqu'où ira-t-elle pour me résister ?
Les sens de la laethionie lui dictaient de fuir, cependant son ego l'incita à rester stoïque. Pourtant, avec son estomac noué et ses jambes en coton, ce n’était pas l’envie qui manquait. Il poursuivit d’un ton posé :
— Dis-moi, tu n’as pas peur de t’en prendre une ?
— Que je vous tienne tête ou pas, est-ce que ça change grand-chose ? (Sa voix fut prise d'un léger tremblement.) Qu’avez-vous l’intention de lui faire ?
Il nota qu’elle commençait à perdre ses moyens et s’en réjouit calmement.
De la bravoure mais jusqu’à un certain point.
— Ça te concerne ?
— Si vous abattez un innocent alors, je peux très bien être la prochaine. Voilà en quoi ça me concerne !
T’es folle ! Calme tes ardeurs, ma p’tite, se dit-elle.
À l’aise, il lui lança un sourire narquois.
— Bien vu. C’est quoi ton nom ?
Ne lui donne pas !
— Avilda.
Pff ! Bravo.
— Sois patiente, je m’occuperai de toi après.
— Laisse-la tranquille ! interrompit Shun.
L’assaillant reconsidéra son adversaire.
— Tu n’es pas le Cygne !
— Je suis le Cygne noir.
C’est quoi cette histoire ? se demanda-t-elle.
Sans crier gare, il poursuivit son assaut tel un véritable acharné. La photographe était pétrifiée par le combat qui se déroulait devant elle, fixant le chevalier noir. Du moins, vu sa rapidité, elle essayait.
Il est très vif et athlétique.
À cette pensée, une chaleur l’envahit sous la cage thoracique. Elle posa sa main à ce niveau.
Une boule au ventre ?
Elle suivit à nouveau la confrontation. Les coups et les lamentations résonnèrent dans le bois. Le corps entier de l’observatrice tressaillit d’une traite.
Quelle idiote je suis. Contre lui, je ne fais pas le poids. Qu’est-ce qui m’a pris de le défier ?
Shun se retrouva en mauvaise posture. Elle aurait aimé intervenir, seulement elle connaissait déjà le résultat.
Pourquoi ne se défend-il pas ?
Elle fit quelques pas vers eux.
— Arrêtez ! Vous allez finir par le tuer !
Il la toisa, le sourire aux lèvres. Elle s’immobilisa encore une fois, figée par son allure énigmatique.
Il m’intrigue. Ses mots sont violents. Malgré tout, son regard... Il est…
— C’est le but, lui répondit-il. Ne sois pas si pressée de venir à moi, ton tour viendra.
Ne t’approche pas. Nous devons tuer les chevaliers de bronze, pas les autres. Reste sage et je t’épargnerai peut-être.
Cygnus reprit le combat et asséna une attaque comparable au Diamond Dust de Hyôga. Les doigts cachant en partie sa bouche, Avilda était horrifiée par ce qu’elle voyait.
Ce pauvre jeune homme ne comprend pas ce qu’il lui arrive.
— Je vais te montrer la force du Cygne noir !
L’assaillant était prêt à l'achever. La photographe se précipita vers les opposants.
Tant pis s'il me frappe. Je ne peux pas rester sans réagir.
— Non ! cria-t-elle.
Cygnus l’ignora totalement, obnubilé par son objectif.
— Tu vas mourir !
En fin de compte, il stoppa son geste. Avilda interrompit sa course, perplexe.
Pourquoi s’arrête-t-il ? Il était pourtant résolu à en finir.
Tout à coup, à leur grande surprise, une énorme couche de glace enveloppa le bras de Cygnus, du poing jusqu’au coude.
Mince ! C’est le type en armure rose qui a fait ça ?
Une autre voix surgit derrière eux, provoquant un sursaut de la jeune femme.
— Voici le vrai froid intense du Cygne !
La laethionie chercha le nouvel arrivant.
Encore cette histoire d'oiseaux ? Je n’en vois pas !
Le jeune blond en armure blanche se tenait à la place de l'agresseur, quelques minutes auparavant. Avilda avait une impression de déjà-vu. Et les explications apportées par Hyôga ne l’éclairaient pas plus sur la situation actuelle.
— C’est quoi cette histoire de chevaliers et de constellations ? Je suis complètement perdue.
Elle frissonna encore. L'altercation commençait sérieusement à l’ennuyer. Elle voulait rentrer chez elle et ces hommes lui barraient la route.
— Brrr ! Et il fait encore plus froid depuis votre arrivée. Vous aussi vous allez cogner ? Il y a moyen que je rentre chez moi sans m’en prendre une sur la figure ? !
Hyôga dévisageait Cygnus en faisant fi de ses paroles. De toute évidence, l’avenir de la jeune femme n’intéressait personne, à son grand regret. Soudain, une lumière bleue émana de son corps et la neige noire devint blanche.
— Nous saurons bientôt qui est le vrai chevalier qui mérite de porter la Croix du Nord !
Elle s’éloigna de la zone de rixe, se dirigeant vers sa destination.
Ils sont occupés à se quereller. J’ai peut-être une chance de m’en aller sans embûche ?
Hyôga se tint face à son adversaire, prêt à en découdre. Le premier assaillant se mit en garde. Shun resta assis, appuyé contre l’arbre.
Quelle bande de fous ! Pourquoi ils se battent ?
Elle lança un bref regard vers Shun.
Oh ! Le jeune homme semble blessé. Je devrais d’abord voir comment il va avant de quitter les lieux pendant que les deux… cygnes ? s’affrontent.
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