Épisode 3 - Les Black Saints
1986 – Tokyo
À l’instant où Avilda allait rejoindre Shun, un quatrième jeune homme, en jean et t-shirt rouge, accourut avec un chien policier. C’était Seiya, chevalier de Pégase.
Oh ! mais il va en arriver combien comme ça ? ! s’étonna la laethionie. Bon, visiblement c’est un allié du gars en bleu, le deuxième cygne. À moins que ce ne soit le premier ? J’ai un mal fou à suivre leur histoire.
Le chien avait flairé l’odeur laissée autrefois par Ikki sur l’arbre pendant ses entraînements. De cette manière, Seiya avait retrouvé ses deux compagnons d’arme.
« Si c’est ça, je vais aider Hyôga et battre cet enfoiré.
Avilda croisa les bras en tuant Seiya du regard.
J’ai horreur des grossièretés !
— Joli vocabulaire !
Il tourna la tête vers elle puis gratta la sienne, l’air gêné.
Je ne l’avais pas vu celle-là.
— Euh, vous ne devriez pas rester là, Mademoiselle.
— Je sais, on me l’a déjà dit. Bon, puisque vous insistez, je rentre chez moi. »
Cygnus l’observa s’éloigner en gardant sa position. Sans qu’il en comprenne la raison, son cœur devint plus léger.
La photographe s’aventura sur le chemin en se frottant les bras une nouvelle fois. Seiya insista pour participer au combat, cependant Hyôga lui lança un regard glacial. Même le chien le craignait. Le chevalier de Pégase comprit qu’il ne devait en aucun cas intervenir.
La photographe les entendait encore se battre, elle en eut des frissons dans le dos. Les yeux rivés au sol, elle poursuivit sa route sans se retourner.
Pour quelle raison se battent-ils ainsi ? Peu importe le sujet de la dispute, j’espère qu’ils n’iront pas jusqu’à s’entretuer. C’est franchement inquiétant.
Perdue dans ses pensées, elle négligea la présence de trois autres hommes qui, eux, l’épiaient depuis un moment. Soudain, une chaîne s’enroula autour de sa taille et l’entraîna en un rien de temps. Le visage crispé, elle tenta de se défaire des liens, or c’était impossible. Une fois les pieds sur terre, une main se posa sur son bras droit, pareil sur le gauche et ils furent tirés en arrière pour l’empêcher de se débattre.
« Belle prise, Andromède, dit le gars derrière elle.
Étrange, on dirait la voix du type en t-shirt rouge.
Sur sa droite, elle reconnut Shun, seulement son armure avait une couleur sombre au lieu du rose.
Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? !
— Que faites-vous ? Vous m’avez dit de partir. Et maintenant, vous me retenez ?
Andromède la regarda avec malice.
— Tu fais erreur sur la personne, ma jolie.
« Ma jolie », quel mufle !
Il relança ses chaînes vers le lieu de la querelle, interrompant ainsi le duel entre les deux cygnes. Pégase noir retint la photographe presque contre lui. Une odeur attira son attention. Discrètement, il renifla sa nuque, la douce fragrance embauma ses narines et un sourire sur ses lèvres se dessina.
C’est elle qui sent bon ainsi ?
Je n’y comprends plus rien, moi ! C’est pourtant bien lui que j’ai vu en difficulté tout à l’heure face au Cygne noir.
Elle se retourna afin d'identifier son ravisseur.
En effet, c'est le type que j'ai vu avec le chien. Enfin, le même en tout cas.
En revanche, il était si près de son minois qu’elle avait failli l’embrasser en se tournant. Elle eut un mouvement de recul tandis qu’il la fixait de manière narquoise. Gênée, elle scruta à nouveau la scène de rixe. Shun et Seiya étaient encore là-bas, spectateurs au combat.
— Votre ressemblance avec eux est plus que frappante. Est-ce une guerre de fratrie ?
Une voix grave et autoritaire la fit sursauter. Un grand homme aux longs cheveux ébène et aux yeux sombres s’approcha. Dragon noir était posté derrière eux, sans faire de bruit. La captive recula, se pressa contre celui qui la retenait.
Je crois que je l’ai vexé.
— Nous ne sommes pas leurs frères ! Vois-nous plutôt comme des sosies maléfiques.
Ce dernier mot lui causa de l’effroi.
— Maléfiques ?
Que va-t-il m’arriver ?
Dragon noir l’ignora ensuite pour s’adresser directement à son confrère.
— Cygnus, que fais-tu ici à t’amuser ?
Son acolyte considéra le groupe et remarqua vite la présence d’Avilda. Son expression troublée et ses yeux écarquillés ne passèrent pas inaperçus. Hyôga vit d’emblée que quelque chose inquiétait son adversaire.
Qu’est-ce qui le préoccupe tant ?
Merde ! ils retiennent la blondinette, pensa Cygnus. Bon sang, elle aurait dû partir quand il était encore temps ! Dragon noir ne voudra pas la laisser s’en aller. Qu’est-ce qu’il va faire d'Avilda ? Elle ne nous intéresse pas.
— Relâchez-la ! ordonna Seiya. Elle n’a rien à voir avec cette histoire !
— Silence ! Je m'adresse à Cygnus.
— N’intervenez pas ! C’est entre le cygne et moi.
— Ferme-la ! (Avilda fut outrée.) Maître Ikki nous attend. Dépêche-toi.
Elle tourna la tête vers Dragon noir, sourcils froncés.
— Vous ne pouvez pas lui parler autrement ? ! C’est vot’ collègue quand même !
Pégase noir ne put s’empêcher de rire aux éclats.
— Que veux-tu faire d’elle ? questionna Cygne noir. Laisse-la partir. À quoi bon s’en encombrer ?
Cette proposition impressionna l’équipe adverse. Hyôga continua d'examiner son opposant.
Lui serait prêt à la libérer ? Pour quelle raison ?
— Elle nous servira de moyen de pression supplémentaire. (Il s’adressa au groupe ennemi.) Maître Ikki vous contactera pour vous donner ses instructions. Si vous refusez, elle mourra.
— Quoi ? !
La captive sentit ses jambes faiblir.
— Dépêche-toi de venir !
D’un saut périlleux, Cygnus rejoignit ses camarades en atterrissant près d’Andromède. La photographe l’avait suivi du regard et fut impressionnée par sa performance. Cette seule figure lui fit oublier la menace.
Il est de quel niveau, lui ? Je ne parviens pas à réaliser un tel saut. Et je n’ai jamais vu un expert le faire dans le gymnase que je côtoie.
Les ravisseurs repartirent ensuite en emmenant l’otage. Avilda se débattit comme elle put, toutefois Pégase noir avait trop de force pour qu’elle puisse s’enfuir. Lassé de ses lamentations, Dragon noir finit par la prendre sur son épaule en la menaçant de la jeter dans le premier précipice venu.
— Mais votre armure me fait mal au ventre ! Vos griffes me piquent !
— Eh bah tant mieux !
Devant l’indifférence du Dragon, elle fit son possible pour se maintenir redressée.
— Sinon, je peux marcher aussi. Je ne vous fais pas mal à l’épaule, par hasard ?
Il respira fortement.
— Tu n’auras pas mal qu’à l’épaule si tu ne te tais pas. »
Avilda resta enfin muette, de peur d’abuser de sa patience. Cygnus dévisageait son collègue, pourtant il ne s’expliquait pas pourquoi. Ce qu’il voyait ne lui plaisait pas. Observé par Pégase noir, il ne parvenait pas à garder les yeux relevés. La fierté qu’il arborait quelques heures auparavant avait complètement disparu.
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